Cthulhu LCG et la dimension psychologique

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vous présente l'édition de janvier 2010 du Arkham Herald

Editorial

Troisième édition du journal qui vient remuer vos réflexes de joueurs endormis par le frimas de décembre ! Dans ce numéro, nous partons à la recherche des informations destinées à aider le joueur qui vient de découvrir le jeu, afin de renforcer ses automatismes, mais aussi d’apprendre à s’adapter.
Car il s’agit bien là du maître-mot de cette nouvelle édition. Faire comme l’amibe en milieu hostile, muer, changer de stratégie ou apprendre à envisager l’adversité sous un jour nouveau. Vous allez voir, il n’y a rien d’inaccessible, vous allez peut-être vous dire que l’on fait de la redite, mais c’est nécessaire !
L’odyssée de STAHLECK CASTLE en 2009 nous a au moins appris une chose, c’est qu’il y a différents niveaux de lecture à ce jeu et nous voulons les parcourir pour (qui sait ?) essayer d’atteindre les finales l’an prochain.
Cet article a été rédigé sur la base des témoignages reçus en MP et nous n’avons pas pu utiliser l’ensemble des courriers reçus. Soyez-en cependant remerciés, amis contributeurs.

CTHULHU LCG et la dimension psychologique

"Connais l’adversaire et surtout connais toi toi-même et tu seras invincible"

Sun Tzu, l’Art de la Guerre

Un article de Prodigee
Administrateur du Cénacle Chthonien

L’objet de notre article diffère un p’tit peu de ce qu’on a l’habitude de vous proposer en termes de contenu. Aujourd’hui, nous nous intéressons tout particulièrement à tout ce qui fait l’à-côté de nos sessions de deckbuilding, c’est-à-dire à la dimension physique et psychologique du jeu.

-Qu’est-ce qu’il dit ?? - Il dit qu’il va te parler de psychologie !!Bon, vous me direz, je n’ai pas de diplômes de psychologie, ce n’est pas mon dada, j’suis plus à l’aise avec la technique bancaire ou le droit de l’habitat. Mais on peut quand même se mettre d’accord sur un point : Il y a des jours où, même avec le meilleur deck du monde, on n’arrive à rien.

Et à quoi ca tient ? A ce qu’on s’est levé du pied gauche, qu’on a sourcé de manière un peu fouillis sans trop réfléchir ou simplement à un faible engagement de notre part (on se rappelle plus trop des constantes du deck, il a un mécanisme complexe qu’on a zappé…). Ou pire, on est pas dedans, on joue en automatique.

Reconnaissons-le, ca nous gâche la partie. Comme on ne joue pas tous les jours, on est déçu et c’est pas cool. Alors là, je dis : Non ! Luttons contre cet état de fait en réfléchissant à deux choses : La première, c’est qu’on joue à deux. Donc qu’il y a deux êtres, deux psychologies qui s’affrontent autour d’une même table. Il s’agit alors pour vous de profiter au maximum de cette situation pour essayer de tirer du plaisir de cet affrontement et d’en offrir également à votre adversaire par une opposition digne de ce nom. Ce qui sous-entend une préparation globale.

Si le Cénacle vous propose déjà pas mal de petites choses pour vous préparer en amont, reconnaissons qu’il n’est pas prévu grand-chose pour vous préparer d’un point de vue quasi-holistique. On y remédiera dans la première partie de cet article, en vous proposant de vous « coacher » mentalement à l’affrontement. Et comme CTHULHU LCG est aussi un jeu qui intègre le bluff, l’anticipation et l’affirmation de soi, on vous donnera quelques ficelles à exploiter.

Pour pouvoir participer et parfois gagner une partie, il faut intégrer un savoir technique (deckbuilding) mais aussi un savoir stratégique. Tout le self-control au monde ne suffira pas si vous n’êtes pas capable de vous sentir offensif tout en défendant vos positions. Mais ce type de combat doit être mené avec flegme, discernement et état d’esprit optimal.
Et comme, je le répète, on joue à un jeu d’opposition, je pense qu’il serait nécessaire de faire un brin de psychologie de bas étage pour essayer de « sentir » le joueur adverse, de comprendre s’il a ce qu’il faut pour vous battre et donc d’apprendre à réagir en conséquence, en fonction des signes disponibles.

C’est pourquoi nous vous apprendrons quelques petites astuces et attitudes à envisager pour essayer de prendre l’ascendant lors de l’affrontement.

Préparation personnelle

On a tous rencontré un jour ou l’autre un adversaire psychologiquement fort doté d’un deck déroutant. On se retrouve un peu perdu et on se fait balader comme la feuille au vent. Pas agréable, n’est-ce pas… Et pourquoi ce joueur là, ce ne serait pas vous ??

Nous allons vous expliquer les choses évidentes que l’on est toujours les derniers à appliquer et pourtant les premiers à vous conseiller. Détendez-vous, buvez un coup et jetez un oeil à ces lapalissades, pourtant porteuses de sens. Bien sûr, il faudra ensuite essayer d’atteindre une perfection technique en deckbuilding et connaissance du jeu, peut-être même vous doter d’une analyse stratégique de la partie affinée, mais il y a un volet primordial à évoquer en premier lieu, c’est l’état d’esprit qui est le vôtre le jour de la rencontre.

MOTIVATION

Certains d’entre vous vont rigoler, mais je parle très sérieusement : Positivez !!

Il est notable que de nombreux bons joueurs se démotivent en face de tels ou telles, parce qu’il s’agit de leur bête noire, de celui qui leur met une fessée cul nu tous les 10 du mois… ou parce qu’ils ont tout simplement conscience que leur niveau n’est pas supérieur à la personne qui est assise en face d’eux. Ils partent battus d’avance et sourient du sourire du « J’le savais, mais bon, c’était une belle partie quand même ».

Il y a là dedans un esprit sportif que j’aime bien, mais si on se penche un quart de seconde sur la question, on se rend compte qu’il y a un malentendu (et un malentendant !).

Est-ce que vous croyez que celui qui commence son match comme ça va ressourcer correctement ses domaines pour démarrer ? Est-ce que vous pensez sérieusement que ce gars va tenter de mettre sur pied une tactique offensive audacieuse ? Moi non…
Ce joueur va s’embourber dans une situation de début de partie difficile et ne se donne pas les chances de gagner. Pire, il se donne toutes les chances de perdre ou de galérer plus qu’il n’aurait du pour s’imposer.

Un mec super motivé après la lecture de cet articleC’est en cela que l’état d’esprit est important.

Je ne vous demande pas de vous comportez comme si vous jouiez votre vie à chaque match, c’est insupportable pour les joueurs adverses. Par contre, sachez qu’il est toujours passionnant de jouer face à quelqu’un qui en veut, que vous savez pouvoir battre parce que vous avez confiance en vous et votre deck (qui est le reflet de votre vision du jeu, nous y reviendrons).

Celui que vous avez en face de vous vous fait l’offrande d’un peu de son temps, en vue de partager avec vous la rude complicité des Duellistes de Cartes. Rassurez-vous, je ne vais pas faire mon Yu-Gi-Oh en vous parlant de l’esprit des cartes, mais vous devez au moins avoir le respect de votre adversaire.

Il me semble que ce respect passe notamment par une combativité exemplaire. Et cela même dans le casual gaming (jeu pour de rire), même si ca se vérifie encore plus en tournoi. Cette combativité, c’est tout simplement l’expression de votre confiance en vous, élément essentiel à assimiler à votre motivation. Donc, essayez de commencer chaque partie avec l’envie de gagner, ca donne du piment aux parties et c’est apprécié, en règle général.

Cette motivation est ressentie, vécue et surtout exprimée.

Cela se manifeste chez les joueurs de différentes façons : Soit on chambre l’adversaire, pour le distraire, soit on lui met d’entrée de jeu la pression, soit on contrôle de manière poussée ses émotions pour lui réserver une surprise. Ce sont des manifestations qui, à-côté du jeu, dénotent une envie d’en découdre. Et qui impressionne l’adversaire, même si c’est de façon inconsciente.

Car, n’en doutez pas, vous et votre adversaire vivez déjà depuis suffisamment longtemps dans nos sociétés de l’image pour enregistrer (consciemment ou pas) les messages corporels et l’intonation de la voix du gars en face. Et ca joue à plein sur votre façon de vous comporter. D’où l’utilité d’un mental positif, afin de recevoir ces informations sereinement et faire avec.

Mais la motivation ne doit pas se limiter à votre état d’esprit en début de partie. Il faut que cela s’accompagne d’une certaine maîtrise de soi en cours de partie, afin de conserver la motivation. Un rebondissement inattendu, comme il en existe beaucoup sur CTHULHU LCG, une mauvaise main, l’excitation d’une phase haletante qui retombe à la fin de la suivante sont autant de facteurs anxiogènes qui peuvent mettre à bas vos bonnes résolutions.

Il faudra alors faire preuve de concentration pour maintenir ce niveau d’implication émotive et rester dans la course. C’est pourquoi nous vous conseillons fortement de vous détacher un peu de la réaction immédiate à la situation de jeu pour prendre un peu de hauteur et améliorer votre lecture globale de ce qui se passe autour de la table. Il ne sert à rien de s’enfermer soi-même dans une seule optique de jeu, libérez-vous un peu l’esprit.

Dernière recommandation sur le sujet de la motivation et de la confiance en soi, je rappelle qu’en toutes choses l’excès est dangereux.

Être trop en confiance, c’est s’exposer à de sévères déconvenues qu’on aura du mal à combattre pour revenir dans l’arène après une défaite. C’est mettre sur le terrain d’une implication personnelle trop forte ce qui constitue notre image en tant qu’être humain. Et je rappelle qu’on ne fait que jouer… Donc, il n’y a pas besoin de faire les Matamores, de partir tous crocs devant sans se méfier, fanfaronnant aux quatre vents.

Pensez que l’humilité est une vertu et qu’elle a le mérite de ne pas vous mettre en avant au moment de la défaite.

CONCENTRATION

Je vous entends déjà me dire : « T’es gentil, Prod’… Mais c’est pas toujours facile de sourire quand on te colle une dragée dans les gencives (c’est plein de sucres et ca colle, pouah !) ».

Vous avez raison, vous êtes formidables, mais on en est encore qu’aux prémices de notre démonstration, alors un peu de patience. Si la motivation est l’essence même du comportement du bon duelliste, il y a une condition sine qua non qui accompagne cet état d’esprit. C’est la concentration. En effet, je ne connais aucun joueur distrait capable de faire une place en classement et, étant le premier à me disperser, je vous assure qu’il n’y a pas plus mauvais pour vous faire perdre un match.

Exemple d’un gars trop concentré qui ne voit pas que son patient est déjà parti...La concentration, c’est à la fois emmagasiner toutes les infos de jeux qui vous sont fournies par votre adversaire, mettre à profit votre stratégie, étudier vos possibilités de réponses aux agressions tout en conservant votre implication au niveau le plus haut.

Ca a l’air compliqué, mais il n’en est rien. Tout cela se résume en un ensemble de petites règles toutes simples dont je vous ponds la liste :

- Ne vous laissez pas entraîner dans une discussion si vous sentez que cela empiète sur votre activité cérébrale. Coupez (gentiment !) court à la conversation si elle vous gêne, ou utilisez là de manière retorse si cela permet de masquer votre fébrilité à la vue du prochain gros « coup » que vous réservez à votre adversaire.

- Un joueur concentré doit connaître son deck sur le bout des doigts et la stratégie qui va avec. Dans les cas idéals, il a lui-même monté son deck, il sait ce qu’il y a dedans et est prêt à réagir aux sollicitations si sa main lui en donne les moyens. Accessoirement, il est capable de compter le pourcentage de chance de tirer telle ou telle carte et peut parfois prévoir en conséquence. Ca évite de jouer un Dark Druid et de fouiller son deck alors que les deux autres sont déjà ressourcés.

Allez !!! On écoute le Coach !!- Un joueur concentré connaît l’ordre de déroulement des 6 phases d’un tour (Refresh, Draw, Ressource, Operations, Story, End of Turn) et réfléchit au meilleur moment pour jouer sa carte. Il s’agit de ne pas céder sous la pression ou s’emballer, juste quand on pense qu’on a plié la partie.

- Un joueur concentré connaît les petites différences entre Effets, Actions, Response, Abilities, Location, Environnement, Supports et autres termes. Il est serein quant à leur interprétation et le doute ne vient pas souiller sa concentration comme le caniche souille les nouvelles jantes de ma Mégane (salaud de chien !). Non, le joueur concentré sait qu’il connaît les règles, ne se déstabilise pas en cas de contestation et c’est tant mieux.

- Un joueur concentré adopte une « discipline de jeu », une conduite efficace et sereine consistant à écouter les informations fournies par le joueur adverse en REGARDANT celui-ci. On ne se cache pas derrière ses cartes, le nez penché vers ses pieds ! On lève le front, on sourit et on zieute.

J’insiste tout particulièrement sur le sourire. D’abord c’est plus agréable de jouer contre quelqu’un qui ne tire pas une gueule de dix pieds de long et on a vite tendance à ne pas se sentir en sécurité face à quelqu’un qui sourit en regardant ses cartes. C’est bête, mais c’est comme ça.

Le fier-à-bras qui vous atomise de menaces arrogantes de sa future victoire est généralement celui qui, trop poussé par sa confiance en lui, vacillera dès que le match tournera en votre faveur. Réservez-vous le plaisir de lui faire rentrer ses fanfaronnades dans le gosier de la manière la plus classe qui soit, en lui collant une grosse défaite tout en restant calme et serein. Il n’aura alors pas la joie de vous avoir poussé dans vos derniers retranchements (du moins le croira-t-il) et, la prochaine fois, se méfiera de vous et la jouera profil bas.

- Le joueur concentré n’affiche aucune projection émotionnelle sur son visage, il est impassible ou ne laisse passer que les informations qu’il souhaite communiquer. C’est là la quintessence des techniques de bluff et de contrôle « mental » que nous aborderons plus tard.

Pour finir, un p’tit conseil tout de même. Etre concentré ne signifie pas jouer de façon autiste, fermée sur le monde extérieur. La concentration est une attitude face au stimuli multiples que vous procure le fait de jouer, aussi ne négligez pas le jeu au profit d’un renfermement sur vous-même, car, si cela semble rassurant, vous ne pourrez en aucun cas vous préserver des « agressions » du joueur d’en face. Ouvrez-vous à une perception sereine de la situation et analysez la globalité du jeu…

OBJECTIVITE et OBSERVATION

Un p’tit gars qui n’en veut !!Encore un point à ne pas négliger quand on même une partie de cartes : Ne pas oublier de se projeter dans le jeu sur un ou plusieurs tours, le tout dans le but de faire preuve d’un maximum d’objectivité dans votre vision de la partie.

Pour simplifier, quand on est en situation dominante ou dominée, on a souvent soit un emballement qui nous fait louper l’occasion de jouer correctement un effet ou d’oublier un texte de cartes, soit un découragement peu propice à un redressement de la situation. Quid alors du reste de la partie ?

Même si vous vous reprenez, CTHULHU LCG est un jeu qui se caractérise par la prise d’opportunité et la domination de la table.

On le dit assez sur le forum du Cénacle, toute occasion loupée se paye chère, et on ne parle même pas des erreurs… Alors soyez offensifs et dynamique, tout en gardant à l’esprit qu’il vous faudra assurer une défense sur une histoire ou plusieurs.

Et ça, ça ne s’invente pas !

Si on arrive à se projeter dans le jeu, on gagne une vision élargie de la partie et on n’est plus la feuille au vent que j’évoquai en introduction. On est serein et ferme dans nos décisions. J’avoue avoir mis du temps à comprendre l’utilité de se dire « Et si j’étais l’adversaire, je ferai quoi face à mon deck ?? ».

Et puis je me suis rendu compte que c’est ainsi que l’on analyse de manière désintéressée son jeu. Il est difficile de remettre en question un deck playtesté depuis de nombreux mois, n’en doutez pas. Mais il est VITAL de comprendre que le joueur attentif doit anticiper (c’est le maître-mot) toute réaction possible à ses actions. Des informations simples vous permettent d’y réfléchir :

- Un domaine sourcé à plus de 1 non-exploité lors de votre phase d’action = menace et potentiel Event. Il peut aussi s’agir, dans les premiers tours, d’un manque de cartes jouables, mais ne comptez pas là-dessus face à un deck bien taillé (la connaissance de l’adversaire et du méta compte !). Mais ca peut aussi être du bluff et là, c’est à vous de payer ou non pour voir…

- Pas de domaines disponibles = pensez à une Feinte ou un autre Event à 0 avant de vous lancer à corps perdus dans la bataille. Pensez particulièrement aux cartes neutres d’un coût de 0 qui peuvent se retrouver dans tout type de decks.

- Si vous remarquez un ou deux sous-types sur la table en face, essayez de vous rappeler les cartes liées à ce sous-type et ses mécanismes (forces/faiblesses).

- En début de partie, regardez attentivement ce qui est sourcé et regardez comment votre adversaire monte ses domaines. Des domaines montés parallèlement traduisent un deck à coûts homogènes, avec un fort potentiel de pose d’Events dangereux (coûts 2 et plus). Un domaine monté à 4 et deux domaines à 1 traduisent un montage autour de gros personnages, tel Y’Golonac, qui contraignent le joueur à davantage gérer ses ressources, tout en posant moins de cartes intermédiaires.

Un autre point concernant votre vision « globale du jeu » sera de bien observer où votre adversaire s'engage dans les histoires qu'il attaque : Il peut tout aussi bien attaquer sur une carte d’histoire qui contient plusieurs de vos pions de succès, comme il peut choisir d’essayer de mettre des points sur une des histoires dont l'effet est de nettoyer la table.

Observez également à chaque Draw Phase de votre adversaire le nombre de cartes dans sa main, ca paraît évident mais il faut le répéter, un adversaire dont on ne connaît pas les capacités doit rentrer dans une grille d’analyse simple. Et en plus, il faut regarder si le deck de l’adversaire contient encore des cartes, car si son deck ne contient plus de cartes, il a perdu !!!

Vous trouverez ci-dessous un schéma des points à observer pour disposer d’un semblant d’objectivité dans la tenue de votre jeu.

L’exemple donné ci-dessus vous permet de bien comprendre ce qui doit être analysé en termes de supports à votre réactivité. Ainsi, pour savoir si vous pouvez vous engager dans une histoire ou non, pensez à la règle des 5 coups d’oeil :

1) Regardez les Mains et le Joueur

Tout bêtement, il s’agit pour vous de bien appréhender les données de base du jeu d’opposition : Reste-t-il à votre opposant de quoi vous réserver une surprise ou vous contrer ? Il s’agit donc de bien observer le nombre de cartes en main et d’essayer de se rappeler quelles sont les cartes de sa faction qui sont susceptibles de vous causer du tort.

Accessoirement, c’est le moment d’observer le faciès de votre adversaire et de voir si vous le sentez fourbe ou plutôt mou, histoire de voir s’il y a anguille sous roche. D’ailleurs le paragraphe suivant portant sur l’étude de l’adversaire, vous pouvez y sauter tout de suite si l’envie vous en prend…

2) Regardez les Domaines

A-t-il de quoi payer (lui reste-t-il un domaine) pour mettre en jeu une carte susceptible de vous ennuyer ? Il ne suffit pas toujours de l’avoir en main, comme les cartes à 0 de coût, mais il faut pouvoir payer la mise en jeu. Ce qui est plutôt contraignant et vous laisse des fenêtres de réaction, une fois le constat dressé de ce à quoi vous pouvez vous attendre.

3) Regardez la situation de jeu (histoires et marqueurs dessus)

Ne vous faites pas avoir bêtement en vous engageant dans une histoire dont le texte n’interfère pas avec votre stratégie ou celle de votre adversaire. Pensez efficace et commencez à mettre des marqueurs de succès sur une histoire qui vous intéresse. Pensez aussi que votre adversaire risque de faire de même, cela vous donne une idée de ce qui le menace ou l’avantage, suivant qu’il déclenchera ou non les effets. Il s’agit d’une information de jeu primordiale.

Très important, d’autant plus depuis que le Descendant d’Eibon existe, il vous faut toujours regarder la disposition des marqueurs de succès pour savoir quel type d'engagement un joueur devra envisager pendant sa phase d’Histoire.

N’oubliez pas que cette règle s’applique à tout moment, mais que les situations sont plus ou moins favorables suivant l’avancée de la partie. Le nombre de marqueurs de succès indique un compte à rebours vers la défaite… alors faites en sorte de choisir à chaque tour l’orientation qui sera la vôtre :
- Faire avancer votre nombre de marqueurs de succès
- Faire perdre du temps à l’adversaire.

Si l’on réfléchit essentiellement en termes d’efficacité, les proplayers vous diront qu’il vaut mieux aller de l’avant et ne pas stagner en bloquant l’autre. Mais c’est un choix propre au joueur, à lui de voir ce qu’il souhaite créer comme type de deck. Toutefois, rester essentiellement en défense pendant tout le match n’est pas une position des plus enviable, aussi, privilégiez l’attaque.

4) Regardez la table et les personnages en jeu

Exemple de cartes qui nécessitent un bon suivi de la défausse ou des cartes en jeuExemple de cartes qui nécessitent un bon suivi de la défausse ou des cartes en jeuIl faut TOUJOURS prendre le temps de relire les textes des cartes et regarder ce qu’il y a du côté adverse. Mine de rien, ca compte. Ainsi, il suffit d’oublier le texte d’un Repo Man engagé dans une histoire pour zapper le fait qu’il n’y a pas de destruction d’un personnage dans l’histoire où il est engagé. Et c’est le drame !!! Une lecture sereine des cartes en jeu, même si on pense les connaître par coeur est toujours nécessaire. Ainsi, vous ne vous ferez pas surprendre.

Regardez attentivement la table, la défausse, la balance des forces et les points nodaux de supériorité des jeux, en les comparant l’un l’autre. Qu’est-ce qui fait que le jeu qui domine la table a assis sa domination ?

Soyez toujours au courant des possibilités alternatives pour ne pas retomber sur vos fesses comme un soufflé trop cuit si on vous casse votre personnage clé.

5) Regardez les à-côtés (défausses, histoires gagnées, nombre de cartes approximativement dans le deck adverse)

Vous le savez, il y a des stratégies alternatives de victoires autres que le gain d’histoire. Méfiez-vous toujours des decks Meules en calculant le nombre de cartes restant approximativement pour atteindre 50 cartes. C’est toujours bon de savoir où l’on se situe par rapport à une menace…

En outre, la connaissance des cartes dans la défausse adverse vous permettra rapidement de savoir qui joue un jeu Défausse, qui joue un jeu Réanimation, qui joue un jeu Spell / Sort mais aussi ce qui pourrait sortir d’une défausse avec un texte adéquat (le Descendant).

Une fois ingurgités toutes ce remarques, passons à l’analyse du jeu adverse.

L’adversaire et moi

« La plus sûre façon de se rendre d’un angle à un angle voisin dans un carré, consiste à en faire le tour ! »

Proverbe Touareg

La déstabilisation provoquée par l’agressivité des adversaires, les bluffs, les baisses de motivation face à une succession de mauvaises mains, l’excitation à cause d’une stratégie de jeu difficile à mettre en place sont autant de facteurs qui peuvent diminuer la concentration d’un joueur et l’entraîner à faire des erreurs. Seule sa force de caractère peut lui permettre d’aller au-delà de ces sensations et de les retourner en sa faveur.

Il faudra à la fois faire preuve de stabilité émotionnelle pour pouvoir passer au-delà et avoir une chance de remporter la partie. C’est pourquoi nous allons essayer de faire un point sur la connaissance de l’adversaire et la façon de tourner ce savoir à votre profit.

ANALYSER VOTRE ADVERSAIRE

Cthulhu LCG vous offre la possibilité de décrypter vos adversaires au fur et à mesure d’une partie. Apprenez à
utiliser ce savoir pendant le jeu pour être invincible !!

Jaugez l’adversaire à sa façon de jouer

Regardez Capitaine ! L’adversaire remue une oreille !!Il est impatient, brouillon dans ses actions, se trompe parfois dans les ordres de résolution ou dans le timing des effets ? Et bien vous savez d’entrée de jeu que votre stratégie, si vous la tenez et que vous ne vous laissez pas déconcentrer, peut gagner ! Mais il y a du travail.

Un adversaire déconcentré est plus facile à suivre, réfléchit trop sans aboutir à une résolution efficace et doit souvent faire face à son plus fidèle opposant, lui-même … Il est frustré par son manque de chance, mais ne génère pas d’opportunité pour que celle-ci lui soit favorable.

Si au contraire vous rencontrez quelqu’un de serein et de structuré, vous ne devez absolument pas baisser les bras et vous démotiver. Au contraire, il conviendra de bien mener le jeu en vous méfiant de chaque coup adverse. Vous trouverez un petit récapitulatif des types de joueurs et des attitudes à adopter en cours de parties, à la fin de cet article. Mais nous allons d’abord vous aider à vous créer une grille d’analyse fiable pour repérer qui joue en face de vous.

Voilà encore un exemple de gars pas concentré qui n’a pas su juger de la fourberie de son adversaire; celui-ci ayant usé d’un sous-fifre, d’un couteau et d’une montre-gousset (?!) pour le battre...Il convient toutefois d’intégrer chaque adversaire de façon appropriée à son style de jeu, quitte à se tromper parfois. L’un des plus grands théoriciens du Poker (the Professor) raconte qu’il lui a fallu perdre près de mille parties pour pouvoir enfin bénéficier d’une connaissance fine des joueurs adverses. Alors ne vous découragez pas et persévérez !!

Regardez sa posture et ses mains

Là, c’est du profilage corporel que je tire d’un manuel de psycho tout à fait passionnant. Ainsi, suivant que vos membres adoptent des postures défensives (membres croisés, tendus) ou accueillantes (ouverture, gestes amples), vous pouvez essayer de deviner comment va jouer l’autre. Il est plus dur de bluffer corporellement, mais si vous y arrivez, vous serez un dieu des cartes.

Une posture avachie, non dynamique ou même molle traduit une posture défensive peu affirmée et une attaque quasiment réduite à sa plus simple expression, suivant les théoriciens de ce type de profilage.

Les mains offrent un miroir sur le cerveau adverse : Leur mouvement et les tics liés au contact des cartes est primordial. Sachez repérer rapidement ces tics et les faire vôtre. Vous brouillez ainsi toute tentative de récupération d’information sur vous par votre adversaire, tout en singeant son comportement et en tirant profit des mécanismes innés liés à l’assimilation comportementale.

Si le joueur s’attarde dans cette position, vous avez en face de vous un bon exemple de « main préhensible »Apprenez ainsi à repérer les techniques de paravents (mains en bouclier qui cache la main de jeu), le dépôt sur la table (assurance ou volonté de ne pas donner d’infos corporelles), le doigt préhensible (la carte qu’on meurt d’envie de jouer, qu’on tient depuis une heure mais ce n’est pas le bon moment) ou la main souple (les cartes volètent, bougent, signe d’assurance et de confiance en soi).

Mais gardez à l’esprit qu’un bon joueur peut être un bon acteur et qu’il peut simuler toutes ces informations. Il s’agit donc de les repérer, mais pas d’en faire tout un cas si cela viens parasiter votre lecture du jeu.

Regardez la façon dont l’adversaire regarde ses cartes

Là, on arrive à une ascèse telle que je ne pense pas l’atteindre un jour, mais les pros de poker expliquent qu’un joueur a divers regards adaptés à chaque situation. En voici un résumé :

Un regard fuyantLe regard fuyant tend à vous empêcher de lire la stratégie adverse, il y a quelque chose en face, mais vous avez les moyens de l’éviter et l’adversaire veut que vous tombiez dans le panneau. Le bluffeur débutant y a parfois recours. C’est aussi le regard de la concentration faible, qui a besoin de se focaliser.

Un regard fixeLe regard fixe traduit une intensité renforcée dans la lecture du jeu, on arrive au moment crucial de la partie. Un des regards les plus courus pour le bluffeur. Mais c’est aussi le regard du joueur qui pense conclure d’ici peu, donc méfiance.

Un regard de biaisLe regard de biais, ou caché derrière les sourcils, vous analyse et vous jauge. Il ne sait pas où il en est et essaye de récupérer de l’information, tout en conservant un aspect de bonhommie et de self-control. C’est typiquement le regard du joueur qui n’a pas un jeu exceptionnel, mais qui peut être réactif. Un fourbe, quoi...

caché par les cartesL’absence de regard, le nez dans les cartes est synonyme de perplexité et de pertes de repères. Le joueur subit et a besoin de se cacher. Il est dans l’attente d’une riposte. Mais même si ce regard est vide et plutôt de bonne augure pour vous, pensez que le cerveau adverse carbure à plein contre vous.

des yeux baladeursLes yeux baladeurs sont assez proches du regard fuyant, sauf qu’ils vont et viennent de la main à la table. Il se laisse distraire par les stimuli extérieurs. La situation lui échappe, mais il est sûr de pouvoir riposter. Là encore méfiance !!! Une variante consiste à faire des comptes dans le vide, en vous faisant croire qu’on à peut-être ce qu’il faut sur la table, mais qu’on attend le bon moment. C’est une attitude prisée du bluffeur.

ANALYSER LE JEU ADVERSE

Une partie de jeu de cartes, quel que soit le jeu en question, se caractérise par une forte pression psychologique exercée par un joueur à l’encontre d’un autre joueur.

Si vous êtes bien préparé, votre adversaire ne l’est peut-être pas et vous pouvez alors tirer profit de cette situation en essayant de remarquer ses tics (verbaux, faciès, tics nerveux). Globalement, l’expression physique ou verbale est une façon de donner des indications involontaires à votre adversaire. Mais cela peut être délibéré si l’on joue sur le Bluff, une technique simple de désinformation.

C’est pourquoi nous souhaitons vous mettre en garde à la lecture de ce qui va suivre. Un bon joueur doit maîtriser le bluff et chaque conseil qui suivra sera à prendre au conditionnel. Soit l’info est bonne, soit elle est biaisée. C’est essentiel de comprendre cela avant d’aller plus loin :

Mais non, j’bluffe pasLes indices analysables seront découpés suivant l’ordre de résolution du tour.

Mise en place (setup), Phase de régénération (restore), phase de tirage (draw)

Regardez comment votre adversaire réagit à la pioche de ses cartes et s’il prend du temps avant de sourcer ou non. Soit il a des enchaînements de cartes propices et peut l’exprimer de manière non-verbale (relâchement, sourire, chambrage), soit il met du temps à choisir et source avec parcimonie.

Cela peut dénoter d’une mauvaise connaissance du deck comme d’une volonté de vous faire croire cela. Les éléments d’analyse qu’il vous fournira lors de sa première pioche sont essentiels, donc pensez à lever la tête et à le regarder pendant que vous sourcez vous-même en essayant de ne pas donner trop d’info.

De plus, votre adversaire aura forcément des tics et gestes incontrôlés, qui vous donneront des informations et conforteront ou non votre analyse.

Ayez plus confiance en l’analyse de ces gestes souvent inconscients qu’en votre analyse de ses paroles, car celles-ci peuvent être sujettes à caution. Sachez par ailleurs que des éléments simples d’analyse physique peuvent vous aider : Il se prend le menton dans la main (perplexité), il croise les jambes (défense inconsciente) ou pose sa main sur la table et vous regarde (sûr de lui)... Autant d’éléments d’influence dans votre analyse, ne les négligez pas !

Les différentes actions de la phase de régénération (celle où il restaure un personnage fou et redresse les personnages inclinés) donne souvent une indication. Soit il le fait de gauche à droite (ou l’inverse), soit il peut adopter un ordre inconscient de redressement par ordre d’importance dans sa stratégie... Une info à prendre au conditionnel donc, mais qui donne parfois des renseignements surprenants.

Ressource

Là, on touche à un élément doublement important lorsque vous allez regarder les cartes ressourcées par l’adversaire. Et pour cause, on parle de la façon dont sont répartis les ressources sous les domaines.

Certains joueurs sourcent de manière logique, d’autres non. Mais les cartes qu’ils mettent en ressource vous indiquent déjà au moins 9 cartes sur les 50 mises dans le deck (si on considére qu'il a mis chaque carte en 3 exemplaires dans son deck). Donc, vous bénéficiez d’une info technique sur le jeu adverse. Mais il y a aussi une info psychologique : Il source un perso qu’il aurait pu jouer tour 1 ? Peut-être a-t-il choisi, aux vues de ce qu’il sait de votre façon de jouer, de ne pas l’utiliser. Peut-être en a-t-il un autre en main et souhaite vous faire croire qu’il ne va pas le jouer.

Un bon bluff peut consister à placer en ressources plusieurs gros personnages et vous faire croire qu’ils ne l’intéressent pas, tout en essayant de poser un autre gros personnage tour 1… Soyez attentif, mais préférez ne pas trop tenir compte de ces informations tant un bluff réussi de votre adversaire à cette étape peut vous être dommageable.

Opération

Le Roi du Tic nerveux en actionPeut-être la phase la plus sujette au bluff, sans qu’elle n’en ait l’air. On pose et puis voilà. Sauf qu’il y a des cartes comme Under the Porch ou des cartes à effet complexe qui peuvent, une fois sur table, créer un gros effet psychologique sur vous. Si je joue Y’Golonac tour 2, vous êtes de suite moins à l’aise, n’est-ce pas ?

De même, indirectement, c’est pendant cette phase que se joue le bluff à coup de domaine. Pourquoi votre adversaire ne joue-t-il pas son gros domaine à 3/4 en opération ? Il se réserve peut-être un sort destructeur en phase d’histoire... Ou peut-être veut-il vous le faire croire...

Pour essayer de reconnaître un bon bluffeur, regardez le niveau du joueur. Si c’est un bon joueur, qu’il ne tripote pas sa main de façon inconsciente, attendez-vous à des problèmes. S’il fait des signes (simulés) d’anxiété, méfiez-vous, il essaye de vous bluffer. Sauf que c’est difficile de remarquer qu’il simule. Si ce n’est pas un bon joueur, il risque d’accompagner son choix de tic nerveux non simulés et vous le repérerez aisément.

Vous n’imaginez pas à quel point cela fonctionne, et il n’est pas rare de voir des joueurs expérimentés, comme Articman, vous dire que vous avez conservé telle ou telle carte pour la phase d’histoire sans trop se tromper. Il s’agit d’ailleurs d’une technique de déstabilisation (« Je vois ton jeu façon Mme Irma »), très efficace, mais qui nécessite une connaissance parfaite du jeu et du métagame. Référez-vous à ce qu’on a dit sur la discipline et la connaissance...

Phase d’Histoire (Story Phase)

Ainsi, un adversaire vous révèle beaucoup de chose de son style de jeu, notamment grâce à une erreur dans une phase d’histoire préalable. Il convient de garder en tête les éléments d’analyse obtenus lors de la phase précédente et de les comparer à votre analyse présente, le tout sans arrêt aucun pendant toute la partie. Autant d’informations cruciales que vous devez analyser, afin de comprendre de ce qui est la base du jeu adverse.

Là, on touche au subtil, à la dentelle du jeu. La phase d’histoire permet de jauger du style de jeu adverse, suivant les commissions et les réactions à vos actes. Cette phase est primordiale, car elle vous permet de « classer » le joueur en face de vous dans une catégorie. Une petite parenthèse sur le style de jeu adverse pour mieux vous faire comprendre de quoi je parle :

Quel style de réaction adverse à votre mise en place de stratégie ??

- L’entêtement peut découler d’un montage de deck parfaitement assimilé, mais pas adapté à la situation présente. Ce n’est pas forcément négatif, sauf dans le cas où celui-ci pousse à la faute. Un joueur entêté se fera prendre deux fois dans le même piège, alors essayez d’optimiser ce trait de caractère.

- Le courage dans le jeu doit davantage vous inquiéter, car un joueur courageux se créer des occasions de vaincre. Il peut sortir du cadre d’analyse à certains moments, puisqu’il connait sa main. Pas vous ! Donc, soyez plutôt offensif face à un joueur courageux, jusqu’à ce qu’il mette ses positions en péril. Soyez plus constructif que lui en gardant en tête qu’il ne servira à rien de le bloquer si vous ne développez pas votre stratégie.

Bah quoi, Google Image m’a expliqué que c’était ca, Gambit ...- L’inconscience est l’extrême négatif du courage. Il est souvent conseillé de rentrer de plein fouet dans le jeu adverse s’il avance sans prévoir de défense, histoire de lui faire perdre ses repères et changer la donne qu’il pensait être sienne. Attention cependant à ne pas subir de contrecoups dans le cas d’une défense mal assumée.

- Le joueur adoptant la stratégie du Gambit est aussi dangereux, d’autant plus qu’il consent à perdre pour gagner ensuite. Il a intégré le principe d’avantage et essaye d’en tirer profit. Soyez méfiant face à un tel joueur, en essayant de rentabiliser sa perte et d’empêcher le gain espéré. Il est souvent déstabilisant de jouer contre quelqu’un qui ne tire pas profit d’une situation immédiate pour envisager un gain futur, cela diminue l’acuité de votre analyse et peut donner un avantage certain, même si le sacrifice consenti est parfois lourd.

Pour revenir à la résolution des histoires, il faut bien entendu lire les informations données en défense ou en attaque (cartes, mains, domaines) et faire un choix quant aux forces que vous allez lancer dans la bataille. Il ne s’agit pas de se lancer tête baissée sans réfléchir, ni pour vous, ni pour votre adversaire. La façon de s’engager et l’ordre choisi pour les résolutions des histoires vous permettra de savoir si votre adversaire est dynamique ou non, encore dans le jeu ou déjà battu.
Vous y trouverez aussi des informations sur sa manière de s’engager et sa capacité à vous surprendre, chose non négligeable. A partir de là, vous êtes en mesure de jouer en disposant d’un maximum d’informations sur la façon de jouer adverse.

End of Phase

Enfin, pensez à bien regarder si votre adversaire ne se réserve pas de petits effets de fin de tour avec ses domaines. S’il passe sa phase d’histoire avec un domaine ouvert, il a soit un effet méchant, soit un truc réservé à la défense qu’il pourra jouer durant votre tour. Observez-le bien et essayez d’anticiper toute action dommageable, dans la mesure du possible.

LET’S START TO BLUFF !!!

Première chose à bien intégrer dans le bluff, c’est qu’il ne s’agit en aucun cas d’une stratégie pérenne sur laquelle vous allez baser tout votre jeu durant l’intégralité de la partie. Le bluff est un art subtil et la fragilité de son utilisation telle qu’il est déconseillé d’y recourir trop souvent. La routine est un piège !!

De plus, si vos adversaires arrivent à deviner vos bluffs, vous allez à coup sûr devoir réviser votre stratégie, car cela se retournera contre vous à la vitesse de l’éclair. Si vous bluffez sur une histoire où vous avez déjà un avantage dangereux pour votre adversaire, sachez que le bluff sera peut-être déjoué par la motivation primordiale (le fait de se protéger dans l’immédiat).

Un bon bluffeur sait accompagner ses bluffs avec les gestuelles et expressions que nous avons déjà évoquées. Donc, prenez les infos suivantes en gardant à l’esprit de les utiliser avec parcimonie. Il existe deux types de bluffs, le Classique et le Low Bluff, tous deux applicables à CTHULHU LCG, je vais les détailler pour les rendre accessible, avant de détailler les moments propices au bluff.

Mais, où est Charly ?- Bluff Classique
Cela consiste à faire croire à votre adversaire que vous êtes en mesure de le battre avec ce que vous avez en main. Attention, il ne s’agit pas de le mettre en face d’une situation où celui-ci pourra deviner par A+B que vous bluffez, mais de tirer parti d’une situation un peu tangente, où vous sentez que votre adversaire n’est pas en position de force pour lui faire croire que de votre côté, ca roule.

Ce type de bluff « de supériorité feinte » est dangereux, car il peut vous engager dans un gambit mal étudié ou vous pousser à commettre des erreurs, que vous avez consenti en prévision d’un gain potentiel. Pour impressionner votre adversaire, il faut parfois mettre le paquet et ca ne paye pas toujours.

Quand vous bluffez, n’oubliez jamais cette question simple: « S’il ne marche pas, qu’est-ce que je perd ? Que puis-je sacrifier si ca ne réussit pas ? »

Si le bluff Classique fonctionne, espacez-en l’utilisation, car l’adversaire aura peut-être moins d’hésitation au tour suivant ou ne fera pas les mêmes erreurs.

Petit jeu recommandé pour s’entraîner- Low Bluff
Ici encore vous voulez faire croire quelque chose à votre adversaire, mais vous voulez lui faire croire que vous n’êtes pas assez fort en vu de l’emmener guillerettement dans un piège. Fourbe que vous êtes ...

Les manifestations de ce bluff sont innées, on les a tous utilisées une fois au moins, comme la moue sceptique, le fait de se plaindre de son tirage ou le défaitisme feint.

Tu Bluffes, Marconi !!Par contre, le Low Bluff est très difficile à passer deux fois dans une même partie, c’est que l’adversaire se méfie s’il se rend compte de la supercherie. En cas de volonté de deuxième tentative, pensez à garder des cartes en main pour lui faire croire que votre carte forte est toujours dans la mimine.

J’insiste un brin sur la nécessite de bluffer, puisque cela permet de modifier votre style de jeu et de ne pas rentrer dans une routine inqualifiable de tristesse.

Style de Jeu

Maintenant que vous avez bien intégré les bases de l’étude de l’opposant, on va faire un rapide panégyrique du joueur en face et des situations à adopter face à de tels joueurs. Les quelques considérations suivantes sont issues de la lecture des articles de SIRLIN, un joueur passionné de game-design qui a un site de fou, je mettrai les liens sur le CENACLE prochainement. J’ai fait de petite analogies animales, ca me rappelle le collège !

La TORTUE :

La TortueIl s’agit du joueur lent, précautionneux qui fait trente fois l’analyse de la situation de jeu sans se permettre d’extravagance. C’est un joueur stable, solide, pas pressé, mais qui essaye de tout analyser. C’est par essence le joueur défensif. Si certains qualifient son jeu d’ennuyeux ou rébarbatif, c’est un type de joueur de cartes qui obtient souvent de bons résultats.

Maître-mot : La Prudence
Comment le dépasser : Soit on est prudent également, mais le match risque d’être long et répétitif, soit on fait preuve d’audace et on le déstabilise. Pensez qu’un joueur audacieux met le joueur adverse en position d’être battu. Renversez la Tortue sur le dos !

Le LION :

Le LionOn est en face d’un joueur qui vit dans la passion et l’engagement frontal. Même s’il peut être un très bon stratège, il se laisse parfois emporter en laissant son flanc nu à vos piques. Plutôt fort et confiant, il avance bille en tête, considérant une éventuelle défaite comme une possibilité minime. C’est le stéréotype de l’attaquant.

Maître-mot : Droit devant !!!
Comment le dépasser : Il est difficile de battre de front un Lion, à moins d’en être un autre. Face à ce type de joueur, la stratégie Tortue peut payer, mais la meilleure solution à mon sens sera d’adopter la technique du Serpent ou de la Panthère, pour le pousser à l’erreur et en tirer profit.

Le SERPENT :

Le SerpentIl s’agit du joueur expansif, qui utilise l’ensemble des techniques que nous avons abordé pour essayer de canaliser le jeu adverse suivant une direction qui lui convient. Pas forcément bon ou mauvais, c’est l’état d’esprit de ce joueur qui en fait un adversaire redoutable. Il guette la moindre erreur et vous la fait payer. Il peut également vous pousser à la faute ou utiliser le TrashTalking pour vous faire perdre votre concentration (ATTENTION cependant à ne pas tomber dans l’Antijeu, restez sport, les Serpents ! ).

Maître-mot : La Perfidie (Aie confiance en moi ...)
Comment le dépasser : Ici, pas de stéréotype défini, c’est vous et votre concentration qui devez canaliser son influence sur l’aire de jeu. On ferme les oreilles pour ne pas écouter le TrashTalker, on joue son jeu en réfléchissant à sa stratégie et on l’empêche d’empiéter sur notre cerveau disponible. Bref, on devient Buffle. Attention à ne pas le confondre avec la Panthère, car jouer contre un joueur Serpent est beaucoup moins agréable.

La PANTHERE :

La PanthèreOn parle toujours de joueur attentif au jeu adverse, mais il ne s’agit pas de quelqu’un qui vient polluer votre jeu, non … Pire, c’est un joueur disposant d’un bon niveau qui cumule à la fois les petites surprises du joueur Serpent avec l’état d’esprit du joueur Tortue. Pas pressé, mais qui ne pardonne aucune erreur et établissant une stratégie à long terme.

Maître-mot : Si tu te plantes, gare à toi !!!
Comment le dépasser : Peut-être le joueur le plus intéressant à affronter, il est méticuleux dans ses parties et n’hésite pas à bien repréciser les choses deux fois avant de vous faire tomber dans le panneau. Usant d’un deck solide avec une bonne défense, il attend son heure et ne loupe généralement pas le coche. Le bon joueur Lion a toutes ses chances, la Tortue pourra se sentir oppresser et se déconcentrer face à lui. L’attitude a observer est à mi-chemin entre la prudence et le panache, quitte à se vautrer dans l’erreur et renverser ses positions par le biais de Gambit.

L’ELEPHANT :

L'éléphantLui, ça fait un bail qu’il joue et il ne vous a pas attendu. D’attitude humble et calme, il n’hésite pas à vous procurer conseils et attentions, mais sur le champ de bataille, il domine. Difficile à battre, il n’est pas excellent sur tous les fronts, mais gère ses faiblesses et sait les compenser. Son jeu analytique, logique est basé sur son expérience de jeu et l’apprentissage conféré par de longues heures de pratique. Il parvient à deviner votre jeu, parfois.

Maître-mot : Equilibre et Durée
Comment le dépasser : Je me voie mal vous conseiller là-dessus, vu que ca dépend de chacun. Mais je conseillerai fortement d’adopter une discipline de jeu ferme et de bien travailler son deckbuilding et d’engranger des heures de playtests. Les anciens, on a du mal à les battre à plate-couture. Le Serpent peut le vaincre, mais ce n’est jamais une très belle victoire.

Le BUFFLE :

Le BuffleSi le Lion que j’ai présenté est un joueur sûr de lui, le Buffle est un monomaniaque qui joue selon son idée, qui ne prête pas attention au jeu adverse et qui déroule le deck qu’il connaît sur la pointe des doigts. Il ne fait que peu d’erreurs, puisqu’il sait déjà ce qu’il joue et tente d’imposer son style de parties à l’adversaire.

Maître-mot : Chaud devant !!!
Comment le dépasser : Peu importe le type de joueur en face de lui, il fonce ! La Panthère et la Tortue parviennent à le contenir, mais ne doivent pas compter sur une erreur de stratégie répétée, puisque le Buffle joue sur la perpétuelle modification de l’aire de jeu face à la stabilité de son deck. Surprises et coups fourrés sont de mise, oubliez le Bluff ...

 

On va donc terminer cette petite (?!) introduction au monde de la psychologie dans CTHULHU LCG en remerciant tous ceux qui m’ont aidé (Articman, Dadajef, Xa-chan, Graham Hill, Ashma Daeva, Roberto Carioli, Marius Hartland, Tolodine, Wendigo, Leng et j’en oublie) à rédiger cet article ou au moins m’ont donné des idées.

J’espère avoir couvert un terrain suffisamment vaste et vous invite à venir discuter du sujet dans le Forum Général du Cénacle, voire à diffuser la chose si vous pensez que d’autres joueurs y auront intérêt.